En mars 1793, les campagnes se soulevèrent et mon père pris fait et cause pour les rebelles par fidélité au Roi. Je pris des vêtements d'homme et le suivis, j’ai toujours été le fils qu’il n’avait pas eu! Je monte à cheval et tire au sabre comme au pistolet depuis ma plus tendre enfance! Et puis les révoltés avaient grand besoin de soins. Ils se battaient avec des faux et des couteaux contre des fusils et des canons, je ne manquais donc pas d’ouvrage !
Avec d'autres Filles de la Sagesse nous nous retrouvâmes dans la maison de St Laurent qui fut celle de la fondation de notre ordre. Puis nous fument envoyées dans différents hôpitaux et ambulances, nous y soignions tant les bleus que les défenseurs de la religion … Lors la déroute de Cholet, je me trouvais dans l’hôpital caché au fond de la forêt de Vezins. Mon pays, Nicolas Stofflet, nous y avait demandées. C’est là que les monstrueuses colonnes nous débusquèrent sur traîtrise et massacrèrent tous ceux qui s’étaient réfugiés dans ces bois…c’était le 25 mars 1794.
Je m’appelle Amélie Jehanne Françoise, sœur Jehanne en religion. Je suis née en Lorraine d’un père de petite noblesse champenoise, officier des gendarmes rouges et d’une mère lorraine. J’ai grandi à Lunéville où ma mère est décédée alors qu’on allait me marier. Mon père a quitté son régiment lorsque celui-ci a été dissous et il a rejoint Le Mestre de Camp général, à Ancenis. Lorsqu’il s’est remarié avec une fille de Châtillon, j’obtenais enfin sa bénédiction pour postuler chez les Filles de la Sagesse auxquelles je prêtais déjà main forte dès que je le pouvais… Je prenais l'habit gris des pauvres femmes poitevines recommandé par Marie-Louise Trichet!
Quand les événements ont commencé, j’étais responsable d’un petit établissement hospitalier en Bretagne avec une classe tenue par une sœur. Nous avons toutes rejoint Saint Laurent sur Sèvre mais la situation y est vite devenue intenable alors la communauté s’est éclatée, chacune rentrant qui dans sa famille qui dans une maison amie. Je dus abandonner mon habit et retrouver des vêtements civils, ma belle-mère me restituant quelques effets que je lui avais cédés lors de mon départ.
Ma tenue de marche se compose d’un chapeau de feutre noir avec cocarde blanche, d’une jupe en coton-lin à rayures rouges et noires, d’une veste de chasse bleue nuit avec foulard rouge. Je porte un gilet à double boutonnage en laine bleue sur mon chemisier de coton avec col à laçage. En fonction du temps, je suis chaussée de bottillons de cuir ou de sabots en peuplier.
Je porte souvent mon ceinturon de travail à boucle floriforme et un sac à victuailles en toile forte. Mon tromblon de cocher que je manie parfaitement m’accompagne toujours ainsi que mon gargoussier de chasse dans lequel je transporte mes cartouches. Cela amuse mes compagnons de route qui m’appellent amicalement « Cartouche ».
Mon nom est Mathurine Gautier épouse Moulinais. Je suis métayère.
Je suis née le 20 décembre 1765 à Ploërmel, dans la province de Bretagne, et suis l'ainée d’une famille de métayers composée de 4 enfants.
En 1783 j’épouse, avec l'autorisation de ses parents, et par contrat Jean-François Moulinais. J’ai géré l'ensemble de ses affaires durant ses années au service de Sa Majesté.
En 1789, au retour de mon mari, je me suis mise en quête de contrats de métayage afin de développer l'entreprise familiale. Malheureusement cette démarche sera interrompue dès l'éclatement de la révolution.
En avril 1793, lorsque le reste de ma famille se rallie aux Vendéens à la Bataille de Machecoul, je décide moi aussi de prendre les armes.
Je porte souvent un tricorne sans galon avec cocarde blanche, une redingote en drap de laine bleu nuit, un gilet sans col en drap de laine noir avec une chemise blanche de coton avec col haut, une cravate noire, une culotte à pont en drap de laine écru et suis chaussé de guêtres de toile forte noires et de chaussures à boucles en cuir retourné noires.
De mon passé militaire j’ai gardé une giberne de cavalerie, un ceinturon de Dragon avec porte-baïonnette, mon fusil Charleville et un sabre de cavalerie, sans oublier un sac à victuailles en grosse toile.
Je m’appelle Jean-François Moulinais. Mes amis m’appellent « Dragon » en référence à mon passé militaire.
Je suis né le 11 février 1764 à Laval dans la province du Maine, deuxième fils d’une famille de Marchand-Meunier établie dans la périphérie de Laval.
En 1784 je signe un engagement pour 8 années de service au sein du régiment de Chartres-Dragon basé au Mans, même province que dessus. Après 3 années de service j’accède au grade de Caporal.
En 1789, la révolution et les bouleversements qui y sont liés, sèment le trouble dans le régiment. Rappelé dans mon foyer à la mort de mon père, je profite de cette malheureuse occasion pour rompre mon engagement militaire et reprendre les affaires familiales avec mes frères et sœurs.
Je décide de prendre les armes le 20 juin 1792 lorsque l’administration du département et du district procéda à l’incarcération forcée des prêtres non assermentés. Dès lors, je choisis de rallier les armées restées fidèles au Roi. Apprenant le retour du Prince de Talmont en juin 1793, j’intègre, de manière officielle les Armées Royales auxquelles je resterai fidèle jusqu’au bout !
J’avais ouï dire que des gars des environs, qui étaient contre la Convention et contre la levée des 300 000 hommes pour défendre les frontières, s’étaient réunis au Puy-Rousseau, chez Madame de la Touche-Limouzinière, comtesse de La Rochefoucauld-Bayers. Dans la nuit du 11 au 12 mars 1793, quatre d’entre eux vinrent me réveiller. Pistolet sur le ventre, ils m’obligèrent à leur remettre les clés de l’église et à les accompagner. Je dus sonner le tocsin tant et si bien que la corde se rompit et qu’on m’obligea à frapper directement la cloche, avec le marteau. Je dus m’exécuter et sonner la « renombrée » (genre de glas) toute la nuit, menacé sans cesse d’être exécuté. Nous eûmes le temps de discuter et ils me convainquirent du bienfondé de leur entreprise. Notre petite troupe se rendit à Fonteclose, chez « M’sieur d’Charrette », mais celui-ci était absent ! Nous nous rabattîmes alors sur le Puy-Rousseau où nous fûmes bien accueillis, car la comtesse avait un compte à régler avec la nouvelle administration. Elle accepta tout de suite de prendre le commandement de l’équipée, heureuse de rompre la monotonie des longues journées d’hiver et organisa aussitôt le soulèvement dans la région. Prévoyant l’attaque de Challans, elle envoya des messagers et des courriers dans toutes les directions. Je fus l’un d’eux… Monsieur le Curé ayant été chassé de son presbytère, je me permis d’emprunter une fourche dans sa remise pour m’armer et je pris mon meilleur habit de draps.
Mon nom est Baptistin Crespin ; je suis né en 1756 en la paroisse Notre-Dame de la Garnache, à l’ombre de l’église dans laquelle mon père exerçait la fonction de sacristain ; j’aimais l’y suivre et c’est avec émerveillement que j’admirais les étagères des hautes armoires, sur lesquelles étaient serrés calices et ciboires, Christ doré et ostensoirs… Pas un matin je n’aurais manqué de servir la première messe de Monsieur le Curé ! Moi aussi, je voulais « faire comme lui » : servir le Bon Dieu et les hommes ! J’avais une admiration sans borne pour ce bon prêtre, qui voyant ma détermination, avait promis à mes parents de me faire entrer au Petit Séminaire ! En 1770, la Sainte Providence en décida autrement lorsque l’on démolit notre vieille église pour en construire une plus vaste ; mon pauvre père trouva la mort, victime de l’effondrement d’un échafaudage. Aîné de sept enfants, à quatorze ans, je dus renoncer à ma vocation et reprendre la charge paternelle pour aider ma mère à subvenir aux besoins de la famille. Mais cela ne suffisait pas à nourrir huit bouches ! Monsieur le Curé vint à nouveau à notre aide, et me proposa, en plus de l’entretien de son église, de m’occuper de sa vigne du Chemin Bas ainsi que de son potager.
Une vingtaine d’années s’étaient écoulées ainsi, quand parvint jusqu’à nous la rumeur des effroyables événements parisiens. Du fait de ses positions vis-à-vis des lois scélérates des révolutionnaires, en 1792, notre bon Curé Gourraud fut obligé d’abandonner sa cure. Nous nous retrouvâmes alors comme orphelins
Je porte une simple chemise en lin, une ceinture de flanelle, une culotte de toile, des guêtres sur mes solides sabots de bois, ma cocarde blanche sur mon chapiau, et surtout le fusil de mon père dont je ne me sépare jamais !
Mon nom est Henri Martineau. Je suis né en 1767 au château du Pineau, à Saint Laurent de la Plaine au cœur des Mauges, dans une famille de sept enfants. Mon père était garde-chasse au château. À sa mort, j'ai naturellement repris sa place. C'est là que j'ai rencontré mon épouse, Augustine, qui y était lavandière. Nous nous sommes mariés, clandestinement, en 1792 car nous refusions d'être unis par le jureur ! En mars 1793, alors que mon épouse est enceinte de notre premier enfant, je refuse et la conscription, tout comme Forestier, Perdriau et surtout Jacques Cathelineau ! Lorsque celui-ci est mort à la bataille de Nantes, Augustine et moi avons tous deux décidé de rejoindre la Grande Armée. Si mon épouse se montre efficace auprès des plus démunis, on me dit redoutable avec un fusil, car je manque rarement ma cible!
Mon costume est composé d’une coiffe, d’une chemise en drap souple créée par mon amie et sœur de cœur Marie la brodeuse et d’une jupe d’un tissu épais et confortable que j’ai fabriquée avec des sacs à farine du meunier. Quant à mon châle et ma peau de mouton ainsi que ma vieille cape, j’ai fait de mon mieux avec la laine de mes pauvres moutons que les Bleus m’ont volés.
Je n’oublie pas mon chapelet qui me vient de ma grand-mère et ma bonne vieille pétoire qui tire bien mais il ne faut pas que je sois trop loin de ma cible…
Je m’appelle Louison. Mes amis me nomment Chouannette. Je suis née à Thorigny en 1746. J’aurai 54 ans au mois de Marie.
Jérôme, dit « La Botte » était mon homme et le compagnon de combat de Monsieur de Bonchamps. Ils se sont battus ensemble pendant des mois et ils sont tombés ensemble à la bataille de Cholet, le 17 octobre. Avec les femmes du village qui avaient suivi les hommes, j’étais là quand Monsieur de Bonchamps a demandé le pardon pour les bleus enfermés dans l’église de Saint-Florent-le-Viel. C’est là aussi où j’ai pleuré mon homme qui s’était battu comme un fauve avec son épée.
J’ai toujours connu les plantes, c’est ma grand-mère qui me les a apprises. Alors je fais des préparations pour soigner nos malades et nos blessés. Pour soigner les blessures et arrêter le sang, je pile de « l’herbe au charpentier » avec de l’ortie et quelques herbes dont je tairai le nom, car c’est un secret de famille.
Pour les plaies et les brûlures je prends aussi du chou qui fait des merveilles ! Il faut prendre une ou plusieurs feuilles fraîches, enlever la grosse veine et écraser la feuille au pilon jusqu’à ce que la feuille soit bien humide. Ensuite, on applique directement sur la partie à soigner, on recouvre d’un linge et que l’on change toutes les deux heures.
Mais pour mes onguents d’herbes et de plantes, ma grand-mère m’a fait promettre de ne rien révéler à qui que ce soit car cela risque de me porter malheur…
Louison « la guérisseuse »
Depuis mon moulin je devais surveiller aux alentours, surtout les autres moulins. J'ai vu nos généraux comme Stofflet, Bonchamps passer parfois, car mon moulin était sur la route de Cholet.
Lorsque les ailes d'un moulin s’arrêtaient et selon leurs positions, je devais faire de même pour transmettre les messages : « Reculez, les Bleus approchent » « Avancez, les Bleus reculent » « rassemblement » « Tout est calme… ». Oui, Je l'ai fait bien des fois. !!!!!
En quelques minutes, nos messages parcouraient toute la contrée : le pays de Retz, le bas Poitou, les Mauges.
Mais le jour où ces maudits bleus ont compris que nos moulins nous étaient si précieux ils les ont tous détruits. Octobre 93 je me souviens très bien, un soir, en rentrant de Chatillon, j'ai découvert mon moulin qui brûlait… des flammes hautes de 15 pieds. Et ma femme défigurée, toute ensanglantée, était accrochée aux ailes !!!
Je m'appelle Guy-Marie JACOBEAU, mais au village on m'appelle « Goule de Farine ». Vous allez vite comprendre pourquoi !
Je suis né en 1740 aux Épesses dans le Bas-Poitou. Mon père était meunier. Ma mère, lavandière, venait de Provence. J’ai appris le métier avec mon père et à sa mort, j’ai repris le moulin familial
Je suis marié, père de deux enfants, mon fils m'aide au moulin. J’ai marié ma fille à un meunier du mont des alouettes.
Je me souviens qu'en 88 j'avais formulé plusieurs demandes pour mettre dans les cahiers de doléances. Je souhaitais pouvoir acheter plus de terre, et not bon curé m'avait encouragé ! Et puis les choses ne se sont pas passées comme on l'espérait. Not curé a dû se cacher, et plusieurs fois je suis allé dans les bois, la nuit, pour me confesser et assister à la messe ! je m'souviens aussi qu'en 1793, not'bon curé nous a annoncé la mort du Roi. Misère ! Misère. ! J'ai quand même gardé le portrait du Roi qu’était accroché dans ma maison !
Mon fils était concerné par la conscription. En mars comme tous les gars du village il a refusé de se battre pour la république. Il a rejoint l'armée de Monsieur de Sapinaud, c’est alors que j'ai commencé à aider nos gars !
« La Troupe des Cœurs de Chouans » est une association Loi 1901 déclarée le 19 février 2002
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Par une belle journée, c’était un Dimanche tout le village est à la messe, nous écoutons notre curé dire l’office quand tout à coup un gars du village voisin rentre en courant nous annonçant que notre bon Roi Louis est mort sous la guillotine.
Les églises aux alentours sonnent le tocsin du rassemblement, les Vendéens crient « vengeance»
Nous retournons chez nous mon mari prend son sac le remplit de quelques victuailles, met son chapeau prend sa faux et avant de partir nous serrant contre son cœur nous dit« je dois partir, priez pour moi»
Nos braves hommes décident de retrouver d’autres villageois, n’ayant peu de connaissance dans la guerre ils partirent rejoindre un général des armées Vendéennes Maurice d’Elbée surnommé « Le général de la providence» et les voici partis pour la grande guerre, nous ne savons pas si nous les reverrons.
Dans le village ne sont restés que les femmes les enfants et les anciens.
Très souvent nous nous retrouvons dans l’église pour prier et dire le chapelet avec notre brave curé qui devenu réfractaire, pour nos hommes qui sont partis combattre les culs blancs.
Que Dieu le garde.
Bonjour.
Je m’appelle Lirette, je suis née en Aout 1740 dans ce petit village «Luçon en Vendée».
Je suis vêtue d’une jupe et d’un gilet avec lacet bleu foncé, ainsi qu’une chemise blanche et ma coiffe blanche.
Pour les grands froids je porte une cape avec capuche noire et mon châle en laine.
Mes parents sont de courageux paysans qui travaillent durement aux champs, nous avons quelques poules et une vache.
Me voici à l’aube de mes 20 ans, mon père me dit, « ma fille tu dois te marier» l’on me présenta un garçon d’un village voisin «Cholet» il s’appelle Thierry dit le Nueillais.
Nous nous marions et nous installons dans notre petite maison, nous eurent trois enfants deux garçons et une fille.
Nous avons un peu de terre où mon mari cultive des pommes de terre et du blé, une fois la récolte faite je vais au marché pour les vendre ou les échanger contre des œufs ou du lait.
De retour à la maison je prends ma brouette de linge et vais au lavoir avec mes enfants, d’autres femmes sont déjà là, pendant que nous frottons notre linge nous racontons des histoires qui nous font bien rire, nos petits jouent dans le champ et pendant ce temps-là nos mari jouent autour d’une table au jeu de cartes l’aluette.
Avant de partir je rentre à la maison avec ma femme et mes enfants, je prépare mon sac de plusieurs choses qui me seront utiles, avant de les quitter je les entoure de mes bras et leur dis «Il me faut partir priez pour moi»
Je pars rejoindre mes quatre compagnons du nom de chante en hiver, le sabotier de la gâtine, tête de loup et au loin j’entends le hululement en saccades de Jean dô Boué qui arrive, nous sommes au complet.
Comme nous n’avons peu de connaissances dans la guerre nous partons retrouver l’armée paysanne de Maurice d’Elbée général des armées Vendéennes qu’on appelle « le général de la providence»
Nous voici en route pour la grande guerre pour venger notre Roi Louis avec nos fourches, bâton, faux notre chapelet et notre foi en espérant pouvoir rentrer chez nous.
Je porte le costume du paysan une longue chemise, un gilet un pantalon des guêtres et des sabots. Mon chapeau et une grande cape complètent ma tenue.
J’ai une faux retournée et un bâton.
Je me présente Thierry dit « Le Nueillais» né à Cholet.
Je suis coiffé d’un chapeau en feutre noir, je porte une chemise blanche avec dessus un gilet bleu et une veste de la même couleur où est cousu son sacré cœur avec un pantalon noir et des guêtres noires et noué autour de mon cou mon mouchoir rouge de Cholet, une longue cape noir pour les grands froids
Mes parents ainsi que mon frère et ma sœur nous habitons à Cholet.
Je me suis marié avec Lirette, nous avons une petite maison dans le bourg de Luçon, de notre union naquirent 2 garçons et une fille.
Je cultive la terre où je plante des pommes de terre ainsi que du blé que Lirette va vendre au marché ou fait des échanges «œufs ou lait ou du beurre »
Tous les Dimanches nous allons à l’église en famille, un jour de messe pendant que notre curé disait l’office un paysan d’un village voisin rentre en courant et hurlant pour nous apprendre que notre bon Roi Louis a eu la tête de tranchée.
Une fois la messe finie, les gens se retrouvent sur la place du village nous discutons haut et fort.
Aux alentours les églises sonnent le tocsin, nos hommes décident de partir retrouver les autres villageois qui se sont rassemblés aux alentours pour se venger des culs blancs.
Thierry dit « Le Nueillais »
C'est le bon Abbé de Clairbois qui nous a unis. En 1793, mon père est parti avec des gars du village suivre Cathelineau, qu'il connaissait bien. Il est mort tout comme le Généralissime à la bataille de Nantes cet été-là. Mon époux et moi avons alors décidé de suivre Monsieur Henri et de joindre les gars des paroisses alentour, apportant toute l'aide dont nous étions capables, bien entendu en tant que lavandière et garde-chasse, mais aussi en prenant sous notre aile les enfants orphelins, que chaque jour faisait plus nombreux.
Mon costume est fait d'une robe en droguet bleu clair que je porte sur une chemise longue en chanvre, des bas de laine, et mes bons sabots. Je porte toujours sur ma robe un grand tablier en lin. Ma coiffe me permet d'enserrer mes cheveux. Pour les temps de pluie et de froid je mets un manteau court de cadi, du gros drap, auquel tient un capuchon
Mon nom est Augustine Rambaud. Je suis née en 1767 au village de la Pommeraye, de père charron et de mère lavandière. Toutes petites, avec mes sœurs, nous accompagnions notre mère au lavoir, avec les autres lavandières, qui mêlaient leurs chants aux coups des battoirs.
Je suis rentrée au Couvent des Sœurs de la Charité à Angers l'année de mes 15 ans, mais après le décès de ma mère, morte en couche en donnant naissance à mon petit frère, j'ai dû quitter le Couvent afin d'aider mon père à subvenir aux besoins de notre famille. J'ai donc tout naturellement pris une place de lavandière au Château Pineau, à Saint Laurent de la Plaine. J'y ai rencontré Henri, le beau garde-chasse.... Malgré les évènements tragiques, notamment la mort de notre bon Roi, nous avons décidé de nous marier !
L'abbé Charles-Antoine de Clairbois
Je suis l’abbé Charles-Antoine de Clairbois, je suis né en 1764, dans le Saumurois. Issu d’une vieille famille de hobereaux je suis entré au petit séminaire à l’âge de 12 ans. J’ai été ordonné prêtre en 1788 et nommé vicaire à la cathédrale d’Angers.
En 1790, comme mon évêque Monseigneur de Couët et comme une majorité du clergé angevin j’ai refusé de prêter serment à la constitution civile du clergé. J’ai alors rejoint ma famille et j’ai commencé à exercer clandestinement mon ministère, devenant un prêtre « réfractaire ». C’est alors que je me suis laissé pousser la barbe afin de ne pas éveiller les soupçons lorsque j’arpentais le pays habillé en civil.
En mars 1793, je me suis rapproché de l’abbé Bernier que je connaissais bien et nous avons rejoint l’armée catholique et royale. Je me suis joint à Bonchamps et suis devenu aumônier dans son armée. Je me suis alors partagé entre les batailles et les visites dans le bocage auprès des femmes, des vieillards et des enfants. J’ai assisté Bonchamps dans ses derniers instants.
Dans l’armée catholique et royale, n’étant pas condamné à la clandestinité je peux exercer mon ministère librement, aussi je porte ma soutane qui est cependant très élimée et rapiécée ! Je porte un rabat comme tous les clercs français et une calotte. J’ai une ceinture de moire et porte un tricorne. Je porte en général des sabots plus commodes pour marcher dans la boue, mais j’ai gardé mes souliers à boucle pour la célébration de la messe. J’ai toujours avec moi une besace dans laquelle je conserve quelques ornements et les vases sacrés. C’est ma sœur moniale qui a brodé le scapulaire que je porte sur mon cœur. Je porte aussi souvent à ma ceinture un chapelet que je saisis ainsi plus facilement pour le dire souvent dans mes longues marches !
Je repris alors mon nom de jeune fille craignant des représailles et m’installai définitivement sur l’île.
En 1793 lorsque les paysans commencèrent à s’agiter, je confiai mes enfants à leur nourrice estimant que pris pour des petits paysans ils seraient en sécurité et je rejoignis l’armée de mon père. Puis voyant les représailles des bleus sur les populations innocentes j’allai les rechercher préférant les avoir non loin de moi et ils suivirent désormais les combattants.
Je porte une veste d’amazone avec le Sacré-Cœur tantôt sur une jupe tantôt sur un pantalon une paire de bottes et un tricorne orné de la cocarde blanche et d’une chouette en bijou souvenir de mon époux. Pour arme un sabre-briquet.
Je m’appelle Marie-Adélaïde de La Ménardière. Je suis née en 1770.
Mon père militaire de carrière, m’a appris très tôt le maniement des armes étant son unique enfant, puis il me confia à un couvent parisien pour parfaire mon éducation. Lorsque j’eus seize ans il me maria à un jeune officier de son régiment.
Très vite deux garçons naquirent.
Aux premiers jours de la révolution, je partis me réfugier à Noirmoutier dans le domaine hérité de ma mère tandis que mon époux parti pour Coblence. Hélas il revint se battre le 10 août 1792 aux Tuileries où il fut massacré.
A la tête de trois mille hommes, je pars de Saint-Etienne-de-Montluc rejoindre Charette à Pornic.
A la tête de mes hommes, je pratique la guerre de harcèlement comme me l’ont appris les indiens d’Amérique ; je traque les Bleus sans relâche dans des embuscades meurtrières ; puis nous disparaissons aussi vite dans les chemins creux du Bocage.
Vêtu d’une redingote en drap bleu marine à passements et col rouges, j’agrémente mon chapeau de plumes de faisans.
J’ai préféré un sabre « Briquet » pris sur le cadavre d’un gendarme au lieu et place de mon sabre d’officier de marine.
En revanche je ne me sépare jamais de mon pistolet, un Kentucky américain que m’a offert le général Nathanael Greene.
Je porte deux poires à poudre en bandoulière, ainsi qu’un coutelas ayant appartenu à un Huron.
Nous ne l'avons plus quitté. Michel était toujours à ses côtés lui donnant ses derniers mouchoirs pour que les hommes le repèrent de loin. Nous, les femmes, nous suivions les hommes à chaque choc avec les Bleus, avec nos bannières de paroisses et nos chapelets, nous chantions le plus fort possible nos cantiques et nous encouragions les hommes au combat.
Mon costume est composé d'un caraco et d'une jupe en droguet ; je porte l'ensemble sur ma chemise longue et des bas tricotés. Pour couvrir mes cheveux et me couvrir lorsqu'il pleut ou fait froid, j'ai ma coiffe et un petit châle tricoté pour l'hiver sous ma « capiche », une cape de drap de laine foulée. Dans les combats, en plus de mon chapelet, j'emporte mes ciseaux de brodeuse et mon fuseau bien effilé qui vaut bien un lardoir.
En mars 1793, lorsque mes paysans viennent me chercher je tente par tous les moyens de les dissuader. Devant leurs supplications, je me mets à leur tête sans grande illusion sur l’issue finale.
Je porte une redingote bleue avec un sacré-coeur, un pantalon à pont, des bottes de hussard, à la taille une écharpe blanche signe de commandement, un chapeau orné d’une plume d’autruche et d’une cocarde blanche.
Pour arme je possède un pistolet Queen Anne et un sabre de cavalerie.
Je porte généralement un « bragou braz » culotte bouffante bretonne, un « gilten » gilet à deux rangées de boutons en bois, des guêtres en cuir ou en laine, un chapeau à larges bords.
Mes armes sont simples : une faux retournée, un « broc » fourche à petits pics et un pistolet anglais à silex de calibre 50.
En ce qui concerne mon costume, je porte le gilet noir breton ainsi que le pantalon bouffant appelé Bragou braz. Des guêtres maintiennent mes mollets et je porte des chaussures de type fantassin à pied. Comme couvre-chef, un chapeau à large rebord de feutre me protège bien la tête été comme hiver. Concernant mon armement, j'ai un fusil anglais de type Brown Bess que les anglais nous ont donné lors du débarquement de Quiberon. Autrement je suis équipé tel un soldat bleu, un sabre d'infanterie appelé briquet avec son baudrier et sa baïonnette. Et bien entendu la giberne réglementaire du pataud ou je place mes cartouches, mes silex et ma poudre.
Chacun dans la troupe a choisi d’incarner un personnage fictif ou un condensé de personnes ayant réellement existé. Ce choix est dicté par le physique, les affinités et la mentalité afin de représenter au mieux l’homme ou la femme qu’il souhaite incarner.
Après des recherches pour éviter tout anachronisme, chaque membre doit confectionner son costume, choisir ses armes. Il est seul responsable de sa tenue qu’il porte à chaque sortie de la troupe.
Mon costume
Une veste cintrée sur laquelle est cousu un Sacré Cœur, une longue jupe d’amazone et des bottes.
Un chapelet.
Un tricorne orné de la cocarde blanche et d’une fleur de lys, agrémenté d’une plume blanche.
Pour ceinture, une écharpe blanche signe du commandement, sur laquelle figurent trois fleurs de lys.
Souvent en tant qu’amazone je porte le drapeau pour entraîner la troupe derrière moi.
Mes armes
Après quelques combats j’ai troqué le sabre contre un briquet beaucoup plus maniable et j’ai aussi un pistolet à la ceinture.
Not’ Général [ Louis-Armand Godin de la Bérinnière ]
Je m'appelle Jean Kervadec dit La poudre en raison de ma passion pour les armes. Je suis né en 1773 à Auray. Paysan, je me suis engagé dans l'armée de Cadoudal et suivi par la suite Pierre Guillemot dit le Roi de Bignan. Nous avons combattu les patauds jusqu'à Questembert puis j'ai rejoint Nantes et le grand camp de Rezé. De là, je suis parti à la virée de galerne. M'échappant des marais de Savenay, j'ai survécu à ce périple infernal et suis rentré chez moi à Auray ou mon fusil est à portée de main au cas où...
Bonjour, je m’appelle « balle de bleu » dit « le boiteux », je suis un mainiot né à deux pas de la closerie des Poiriers.
J’ai refusé de me soumettre à la conscription.
J’ai suivi alors Jean Chouan jusqu’au 28 juillet 1794, excusez-moi je devrais dire le 10 thermidor de l’an II de cette maudite république car Jean reçu une balle dans le ventre et mourut en me demandant de dire le chapelet.
« Dieu me tiendra compte de ma bonne volonté.. » qu'il a dit, alors nous l’avons enseveli dans le bois de Misedon ; moi, j'ai reçu une balle dans la jambe qui me fait toujours mal d’ailleurs et maintenant je boite... j’ai finalement fini par rejoindre l’armée de Charette où j’ai sabré le Bleu !
Je me nomme Louis Jacques Eutrope de la Ménardière. Je suis né en Hongrie, où mon père effectuait une mission pour le roi Louis XV. Après d’excellentes études basées sur les mathématiques, j’entre à l’école militaire puis embrasse la carrière des armes aux hussards de Bercheny.
Au premier jour de la révolution, je donne ma démission pour éviter de souiller ma conscience d’un parjure et pars pour Coblence. Devant l’oisiveté qui y règne, je décide de retourner en Anjou et y mène la vie paisible des gentilshommes campagnards.
Je suis née en 1730 dans la rue des Rouettes à Cholet où mon père était « calin » comme on appelait alors les tisserands. À seize ans j'étais une brodeuse appréciée et je suis allée présenter mon marquoir à Jacques Braud, un négociant en tissus. C'est là que j'ai rencontré Michel, son fils ; nous nous sommes mariés et nous avons eu deux fils.
Afin de préserver nos fils de la levée en masse, mon mari a décidé de nous cacher chez des cousins à Saint-Aubin de Baubigné. Après le massacre de Machecoul en mars, nous avons été nombreux à aller chercher le jeune Monsieur Henri, comte de la Rochejaquelein, au château voisin de La Durbellière. Nous lui avons demandé de prendre la tête de la rébellion, c'est là que « Monsieur Henri » nous lança dans l'immense cour du château : « Si j'avance, suivez-moi ! Si je recule, tuez-moi ! Si je meurs, vengez-moi ! »
Je m’appelle Anne-Victoire de Crech’Lousset, bretonne de naissance apparentée à Boishardy et Tinténiac mais vendéenne par mon mariage.
En 1792 lorsque nous apprîmes l'isolement de la famille royale aux Tuileries nous montâmes à Paris. Après la terrible journée du 10 août où mon époux combattit aux côtés de Charette, il choisit de rejoindre l’armée des Princes à Coblence tandis que je retournai sur nos terres pour éviter leur confiscation comme bien d’émigré. En mars 1793 j’ai constitué une petite armée avec mes paysans pour lutter contre les patauds.
Après quelques embuscades fort réussies qui me firent connaître sous le nom de « Marquise », j’ai rejoint Charette à Legé, bien décidée à me battre jusqu’au bout pour le triomphe de Dieu et du Roi et y ai fait mienne sa devise utrique fidelis.
Je suis né à Nantes en 1740 d’une famille bretonne de noblesse peu ancienne.
A 17 ans, j’entre sur recommandation comme Enseigne dans le Bataillon de la milice garde-côtes de Saint-Nazaire.
Je participe à la guerre de sept ans en qualité de Lieutenant dans le prestigieux régiment de la marine, puis je prends part à la guerre d’indépendance de l’Amérique avec le grade de major puis de lieutenant-colonel.
Au début de la Révolution, je me retire sur mes terres près de Nantes, et devient l’un des chefs locaux de l’Association Bretonne créée par le marquis de la Rouërie.
Lors du soulèvement paysan de mars 1793, je suis élu chef contre mon gré par vingt paroisses de la région.
On m'appelle « Tranche-lard ». Je suis un cuisinier basque. Je n'ai pas aimé que l'on tue le bon Roi et déporte mon bon curé qui m'a baptisé au village... D'ailleurs je n'étais pas le seul à Saint-Jean Pied de Port d'où je viens, ça a très vite commencé à bouger de par chez nous, car nous autres, nous avons le sang chaud.
J'ai entendu dire que là-haut en Vendée, il y avait une armée pour lutter contre la convention, alors j'ai pris la faux de mon père qui s'est battu dans l'armée du bon Roi Louis XV avec le régiment du Béarn et Je suis monté rencontrer ces hommes pleins de courage.
Arrivé près de Legé, on m'a présenté un certain Monsieur de Charette, un noble très gentil, un chef qui m'a demandé si je voulais être cuisinier dans son armée. Cuisinier : c'est mon métier, alors j'ai dit OUI sans hésiter et depuis je suis resté fidèle à cette armée qui grossit chaque jour et qui défend la Foi avec ferveur « vive Dieu, vive le Roi !».
Je porte les vêtements habituels du paysan, un pantalon, une grande chemise de toile et des sabots de bois. Mon chapeau de feutre à larges bords me protège du soleil et de la pluie et j’ai toujours ma grande cape de laine dans laquelle je m’enroule pour dormir à la belle étoile.
Je suis armée d’une faux retournée et d’un bâton ferré.